lundi 1 octobre 2012

My taylor is rich...

Avalanche médiatico-populiste - crise économique fondamentale - la richesse s'explique par la pauvreté - des buts millénaires - conférence putassière - un homme courageux - des chiffres qui ne comptent pas - un repas gâché.

Face à l'avalanche de constatations médiatico-populistes qui déboule ces temps-ci, toutes ces révélations frappantes de journalistes figés dans une auto-complaisance pathétique nous expliquant à nous, le peuple, qu'il semblerait en effet que l'inégalité soit le grand mal du siècle, que le pays sombre lentement mais surement dans une crise sans précédent dont il n'est pas près de se relever, face à tout cela, je n'ai pu m'empêcher de me poser quelques questions. 
En effet, le constat économique a de quoi surprendre: comment se fait-il que des pays dits "riches" comme la France, les Etats-Unis ou la Grande Bretagne, puissent ainsi sombrer économiquement et se retrouver bientôt dépassés par des pays autrefois "pauvres" ou "en développement" alors qu'on nous avait pourtant bien expliqué qu'on était confortablement assis sur le toit du monde et qu'on nous mangerait dans la main pour toujours. Ce qui me laisse perplexe ici, ce n'est pas tant la question que la sémantique. En fin de compte, qu'appelle-t-on "pays riche"? Riche de quoi? D'argent? De travail? De PIB? Si tant est qu'une telle chose doive être mesurée, elle devrait l'être à la richesse de ses plus démunis. C'est vrai, réfléchissez... Que ce soit en Chine, en France ou aux Etats-Unis, les régions les plus riches servent d'indicateurs de bien être alors qu'elles jouxtent bien souvent les villages les plus pauvres, soigneusement ignorés. D'ailleurs, avant de se poser la question de la richesse, posons-nous celle de la pauvreté.

J'ai récemment eu le privilège d'assister à quelques conférences dans un grand palais parisien dont l'architecture monumentale et le détail des finitions vous feraient presque croire que l'Humanité, tout compte fait, ça a de la gueule. Les organisateurs et intervenants se voulaient grands seigneurs et faisaient un point sur les fameux objectifs millénaire pour le développement. Mais si, rappelez-vous. A l'orée du nouveau millénaire, les grands de ce monde se réunirent à l'ONU, à New-York pour décider que la pauvreté dans le monde, c'était plus possible. Il fallait mettre un terme à toutes ces images de bambins africains au ventre gonflé par la faim et aux jambes squelettiques qui nous pourrissaient l'heure du repas, pour peu que la télé fut allumée. Ils se mirent donc sérieusement au travail pendant quelques jours pour décider de différents objectifs à atteindre d'ici 2015, parmi lesquels réduire la misère et la faim dans le monde. Puis bien contents d'eux, il s'en allèrent siroter leur coupe de champagne sans plus penser à ce qui venait d'être dit. 

La conférence du mois dernier avait donc pour but de faire un point sur l'atteinte ou la progression de ces objectifs à quelques années du terme du contrat. Il y avait sur scène quelques messieurs grassouillets de la Banque Mondiale, de l'OCDE ou encore le l'ONU qui se tapaient gentiment sur l'épaule, se félicitaient des progrès qui avaient été faits en dépit du fait que ces objectifs étaient encore bien loin d'être atteints. Les gentilshommes voulaient se rappeler à notre souvenir et justifier leurs salaires. C'était un spectacle déplorable que de les voir, un sourire mal à l'aise au visage, s'agiter dans leur siège comme pour se sauver d'une noyade imaginaire qu'ils avaient provoquée. 

Un de ces messieurs, toutefois, n'avait pas encore perdu son intégrité et décida qu'il allait parler de manière franche et nous expliquer un point important. Il expliqua le fait que la plupart des indicateurs qui servaient de référence lorsqu'il fallait évaluer les progrès faits étaient faux et mal pensés. En effet, il raconta que lorsqu'il était à Madagascar, la plupart des gens des bidonvilles, des gens d'une extrême pauvreté donc, qui se comptent en millions, eh bien ces gens là devaient payer pour être recensés et qu'ils se gardaient donc bien de le faire. Il nous parla également d'une île entièrement constituée de déchets et ordures sur laquelle (sur)vivaient des milliers d'êtres humains, eux aussi délaissés par le recensement et les chiffres. Ce monsieur, Xavier Godinot, nous expliquait que dans un monde qui combat la pauvreté et se vante d'un certain taux de réussite, on n'avait toujours pas commencé à recenser les plus démunis. Ceux-ci n'existent pas officiellement. Le terme "pauvreté" ne s'applique pas à eux. Que sont-ils donc vraiment? Dieu seul le sait et il a emporté la réponse avec lui: dans la tombe (rappelez-vous). Monsieur Godinot fut finalement assez impoliment interrompu par un gros hollandais de la Banque Mondiale sous prétexte qu'il dépassait son temps de parole. Ces gens là n'aimaient pas qu'on montre l'envers du décors et ils avaient hâte de se ruer sur les petits fours qui les attendaient à quelques pas de là. 

Mais tout va bien puisque la pauvreté n'existe pas vraiment. Elle n'est qu'un léger tremblement dans le creux de votre estomac. Un mal-être passager qui s'installe là ou qui se réveille dans vos tripes lorsqu'un affamé apparaît sur votre écran de télévision alors que votre purée crache encore ses senteurs coupables de pomme de terre et de fromage fondu. Pour peu que les journalistes aient un autre sujet à vous mettre sous la dent, vous l'oublierez quelque temps. Je ne puis cependant pas vous promettre que le malaise vous quitte totalement. 


Officiel: l'ONU a décidé de prendre le taureau par les cornes

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