mardi 27 novembre 2012

Confusion temporelle

Navigation extatique - Choderlos en rut mineur - boule dans la gorge - boule énarque - vases communiquant - confusion temporelle chez les esprits supérieurs - rappel historique - le tertiaire vaincra - réveil de l'âme révolutionnaire - Mme Parisot est contente.

Si aux détours de votre navigation fade mais ininterrompue vous en venez invariablement à nous lire dans l’espoir tragique que nous éclairions votre quotidien morose de dépressif extatique, ankylosé par les hormones, le bon air parisien et la télé réalité; tout d’abord, je vous remercie et vous accueille à bras ouverts, puisque comme moi, quelque chose vous titille. Mais vous aurez peut-être noté que l’idéologie ici prônée est plus proche d’un pseudo communisme marxiste à la sauce communarde que d’un capitalisme dur prétendument libéraliste (voire libérateur pour certains). Si nos attaques ne sont pas encore bien dessinées, la faute à un esprit encore trop jeune et mal formé, martelé bien plus que de raison par les blagues gauches d’un Gaston Lagaffe fumeur de pétards plutôt que par Les feus de l’amour version politico-militaire d’un Choderlos de Laclos en rut mineur, nos intentions n’en sont pas moins bonnes. Il s’agit pour nous de tenter de déceler puis d’exprimer cette boule qui se loge au fond de notre gorge et qui semble s’agrandir à chaque fois qu’un politicien ou un grand patron ouvre la bouche pour nous faire part de sa joie irrépressible de mettre en œuvre un énième rapport qui sauvera la France et le peuple et nous ramènera en des temps bénis où l’air était si bon et le chômage moins élevé qu’aujourd’hui.

Tenez, en parlant de boule, c’est récemment un énarque reconverti en politique qui nous gratifiait donc d’un rapport, accablant pour changer. L’objectif des 22 commandements de M. Gallois, qui est présenté comme un grand patron de gauche, ce qui constitue, à l’évidence, un antagonisme de départ plutôt encombrant qu’on aura vite fait d’oublier étant donné que les médias considèrent encore le Parti Socialiste comme un parti proche du peuple ; l’objectif de ce rapport donc, est de relancer la croissance française en berne par le biais de l’industrie, en berne également. Comme ça nous est expliqué par M. Gallois, la situation est complexe : tous nos problèmes (économiques, sociétaux, sociaux, écologiques) sont des sortes de vases communiquant s’influençant les uns les autres. Sur ce point, M. Gallois n’a pas tout à fait tort et il n’est pas le premier à nous tenir un tel discours. Paul Ariès présentait déjà un argumentaire similaire à un Alain Madelin fort bien coiffé certes, mais plutôt décontenancé lorsqu’il s’agit de parler économie et politique avec autre chose qu’un économiste ou un homme politique.

C’est un peu plus tard que M. Gallois s’emmêle les pinceaux et il n’est pas le seul. Avant lui, M. Attali (esprit supérieur s’il en est) se trouvait lui aussi pris d’une confusion temporelle similaire. Ces deux hommes nous servirent un discours et des idées ressassées bien plus que de raison. Ils suivirent la mouvance populaire, surfant sur la vague passéiste d’une mélancolie doucereuse mais trompeuse dont le but est de revivre une heure de gloire passée dans le camp de la tyrannie depuis un bon moment. Se projeter dans le passé afin d’avoir l’illusion d’un présent radieux. C’est dans l’air du temps : le passé, c'est un peu comme ces photos prises avec votre téléphone portable et passées au crible d’Instagram. C’est un idéal légèrement jaunit qui rend tout plus beau, plus savoureux et qui nous inspire un brin de mélancolie et l’illusion que le présent, c’est finalement le passé du futur.

Ainsi, on nous vend une époque dorée où l’industrie était radieuse et notre économie prospère. Mais l’erreur de M. Gallois est de se rappeler à notre bon souvenir. Il appuie son propos sur le fait que l’industrie française a perdu près de 2 millions d’emplois depuis les années 80 et que c’est pour cette raison que toi, gentil citoyen, tu dois maintenant mettre la main à la poche pour la relancer cette salope d’industrie et stopper cette hémorragie financière. Il oublie sans doute qu’à l’époque, c’est M. Mitterrand, président de gauche s’il en est, qui, poussé par le désir irrépressible de ressembler à son prédécesseur dont la classe et la majesté avaient éclaboussé ses années de mandat, surfa sur la vague de privatisation et de mondialisation des entreprises françaises, s’appuyant là encore sur un contexte économique exécrable. A la suite de quoi, il apparaît comme évident que vos impôts ne serviront pas à recréer des emplois puisque la France se tue à les supprimer, ces postes de l’industrie, et ce depuis 30 ans.

M. Gallois se trompe donc d’époque. Lui n’a pas pu suivre les récents enseignements du système éducatif français qui nous martèle depuis des lustres que le secteur secondaire est en baisse et que c’est normal puisque le tertiaire, plus adapté aux pays riches dont les populations éduquées pourront à loisir vendre de l’assurance inutile ou travailler dans le marketing, inutile également ; le secteur tertiaire donc, permettra d’éviter un travail pénible qu’on aura le soin de redistribuer à des pays moins développés dont les populaces, tier-mondistes de misère, accepteront n’importe quel salaire pour peu qu’on leur laisse la chance de venir travailler tous les jours avec femmes et enfants dans des conditions qui dépassent l’entendement humain.

Cette fièvre de confusion temporelle ne touche pas que MM. Gallois et Attali (génie parmi les génies, je le rappelle parce que c’est important). M. Ayrault semble en être frappé lui aussi ce qui le conduit à vouloir marquer l’histoire et l’écosystème de la région nantaise au fer rouge avec son Ayraultporc. Il tente certainement de faire écho à l’âme révolutionnaire du français qui sommeille en nous depuis la prise de la Bastille, la résistance pendant la seconde ou le Larzac. Acculé, le peuple français possédait alors cet incroyable réflexe qui lui a permis de changer le cours de l’histoire et de s’en sortir la tête haute. Mais à une époque perdue entre tant d’écrans et d’images, il est probable qu’à l’instar de MM. Gallois, Attali (ce génie) et Ayrault, nous ne savons plus très bien ce qui appartient au présent et ce qui est déjà de l’histoire ancienne. Enfin, le rapport de M. Gallois a au moins le mérite de contenter pleinement Mme Parisot, ce qui n’est pas négligeable… 


Regarde le peuple en bas Jean-Marc... je crois qu'ils essaient de te dire quelque chose...

mardi 6 novembre 2012

Ce que la morale réprouve...

Glaive vengeur moraliste - enfance de la morale et de Dieu - mise en oeuvre de ses préceptes par La Fontaine - la morale est un serpent - l'homosexualité et la morale - prix Nobel de la morale - conclusion moralisatrice.

C’est bien connu, dans ce monde dépravé où ne semble survivre que la vermine, la morale s’érige fière et grande comme le dernier rempart face à l’infamie. C’est elle-même qui faisait s'abattre récemment, le glaive vengeur de mon camarade d'écriture sur ce sagouin de M. Arnaut. On pouvait donc lire que si le monde partait en vrille, que les marchés financiers pouvaient à leur gré maugréer, fluctuer, spéculer, c’était bien normal puisque c’était dans l’air du temps et qu’on ne résiste guerre à son époque. Mais que M.Arnaut, couard parmi les couards, puisse ainsi s’enfuir en exil vers des terres fiscalement plus hospitalières, afin d'économiser la bagatelle de quelques millions dont l’état français aurait bien besoin, c’était trop d’un point de vue moral. Il était ainsi justifié d’insulter sa mère, son père et même de lui cracher à la gueule si tant est qu’il sorte de temps à autre de sa limousine afin de profiter de l’air pur flottant sur Neuilly.

A partir de là, il apparait important de définir cette morale accusatrice et justicière, à laquelle on déplore que le peuple n’ait plus guerre recours. La morale existe depuis que Dieu est tout petit. Tous deux ont d’ailleurs grandi ensemble mais ne sont pas de la même lignée. La première est une vertu issue d'une réflexion sociologique, politique voire philosophique là où l’autre s’impose comme sentinelle sempiternelle sous différentes formes suivant qu’Il survole l’Asie, l’Egypte, la Grèce antique ou le Poitou. En grandissant, l’un comme l’autre ont toutefois suivi la même éducation faite de préceptes fondamentaux plus ou moins flous (le Bien, le Mal, la justice, le rapport à autrui) qui seront ensuite vaguement expliqués aux consommateurs que sont les Hommes, ces humbles mortels. A leur tour, ceux-ci l’interprèteront tant bien que mal selon qu’ils sont catholiques, protestants, bouddhistes, musulmans ou poitevins donc. Enfin, s'ils sont préchés à l'oral, tous deux sont prescrits par écrit et c’est là que ça se corse.

lundi 29 octobre 2012

Cassez vous, vous serez pauvres et cons !

« Casse toi, riche con », c’était il y a un mois le gros titre de Libération qui défraya la chronique. Il faisait référence à la petite phrase de notre désormais regretté président Sarkozy (le temps rend les souvenirs amusants) et à l'évasion fiscale de notre désormais regrettable président Arnault.

Jean-Michel Apathie accusait férocement le journal de clientélisme et par la même occasion faisait profiter son confrère de ses innombrables postillons. Une douche matinale bienvenue tant sa logorrhée verbale semblait désaxée de la réalité.
Michou’, de son œil d’expert affûté, décela chez la rédaction du journal la volonté de faire le buzz avec du sensationnalisme de bas étage. Sauf que si le but était purement commercial, pas la peine d’avoir fait un BEP vente pour se rendre compte que c’était une mauvaise opération. La régie pub du journal perdait son plus gros client (LVMH) la semaine qui suivit. 
Même si on peut difficilement accuser la rédaction d'être mercantile, il est amusant de constater que tout comme la gauche libérale qu’il défend, le journal créé par Jean-Paul Sartre doit aujourd’hui répondre de certaines de ses contradictions. Quelle était la ligne éditoriale de ce cher Joffrin pour occulter le fait que, il y a deux ans, son actionnaire majoritaire, le saint patron du capitalisme, Edouard de Rotschild, s’était exilé en Israël pour raison fiscale. Une actualité trop foisonnante, sans doute…

lundi 22 octobre 2012

L'Amérique, on la veut pas, mais on va l'avoir profond

Vague pipeau médiatique amenant au nationalisme américain - 2ème round - Apollon mormon - prix Nobel de la guerre - arène romaine - hostilités capitalistes - conclusion de philosophie moderne.

A moins de vivre actuellement en République islamique ou bolivarienne, vous aurez sans doute noté dans les journaux que les débats de la présidentielle américaine ont commencé. D’abord exaspéré par la couverture médiatique de l’évènement, j’ai moi aussi fini par être aspiré dans la turbine informationnelle du pipeau journalistique au point que je me demande si je ne suis pas moi aussi américain… Rapidement je reprends mes esprits toutefois mais il m’est impossible de décoller de ce spectacle fascinant, grandiose. Je suis subjugué devant tant de beauté et pour cause.

Assez rapidement dans le 2nd débat on distingue les deux personnalités en lice pour la place de chef de meute de ces indiens d’Amérique dont la peau n’est plus très rouge. On en a déjà eu de multiples descriptions dans les médias mais le fait de les voir est saisissant et on comprend pourquoi les membres du public qui posent leurs questions tremblent de terreur et souillent leur pantalon aux plis pourtant impeccables devant ces monstres venus se livrer une lutte sans merci.

dimanche 14 octobre 2012

Kadhafi et les arabes


Kadhafi et la démocratie - vous reprendrez bien un peu de suffrage universel direct - un dictateur à la place d'un monarque - la Panarabie - la question des arabes à l'aube de la 3ème Guerre Mondiale - la réponse de Jean-Christophe Victor - rire jaune conclusif.  

Mouammar Kadhafi n'a pas dit que des conneries... il en a aussi écrites. Je ne sais pas si vous avez jeté un oeil à son Livre Vert, mais c’est très beau. C’est dans ce livre qu’il explique que la démocratie occidentale telle que nous la connaissons n’est qu’une dictature comme les autres. C’est vrai, réfléchissez : le suffrage universel direct par exemple, n’est jamais que le diktat du plus grand nombre sur les autres et ça, même un royaliste vous le dira. Et le plus grand nombre n’est pas forcément majoritaire ! Les 52% de François Hollande laissent 48% de votants insatisfaits et près de 20% d'abstentionnistes majeurs qui le sont potentiellement tout autant. 

Le Livre Vert nous explique également que le peuple doit se passer de leader et se diriger tout seul. Toutefois, l’exécution des glorieux préceptes portés par ces pages laisse à désirer. Kadhafi fut un dictateur. A l’instar de Franco ou George W. Bush, le libyen a du sang sur les mains et il a pris le pouvoir de celles des innocents. Rappelez-vous. Par une chaude nuit de l’été 1969, alors que le flower power et les acides rongent la jeunesse et la mécanique nord américaine, un jeune militaire s’empare du pouvoir par la force. Là où ce coup d’état diffère de celui perpétré contre Hugo Chavèz en 2002 par exemple, c’est qu'à l'époque, le peuple n’a pas bougé une oreille. Personne n’est descendu dans les rues pour protester. Il faut dire que Kadhafi vient remplacer Idris 1er, monarque mis en place par les britanniques et les américains. Autant dire qu’en bon employé modèle, Idris ne fait pas trop de vague et laisse à ces messieurs le soin d’implanter leurs bases militaires, leurs banques mais également leurs puits de forage pétrolier.

lundi 8 octobre 2012

Apologie du looser contemporain…


Sarkozysme et Méritocratie - Looser de l'entertainment - Marketing de l’échec - Confessions de Nick Clegg - Arnault VS Zuckerberg - Pendez-les!

En 2007, un élan méritocratique déferlait sur la France. Il fut si fort et si puissant qu’il conduisit à l’élection de notre grand, par ses ambitions, mais non moins nain dans ses valeurs, ex président (ce serait presque donner du crédit à la morphopsychologie).
Pendant que Pierre Bourdieu se retournait dans sa tombe, Nicolas Sarkozy, lui, affirmait avec solennité que l’un des problèmes de la France pouvait se résoudre grâce à la simple volonté de ses citoyens. En effet, si les chômeurs n’avaient pas de travail, c’est parce qu’ils ne voulaient pas travailler. Si les étrangers voulaient vivre en France, ils n’avaient qu’à le mériter. Entrecoupé d’une semaine sur le bateau de Bolloré et d’un footing bien mérité, il déclamait avec une rigueur kafkaïenne les préceptes individualistes de Tocqueville.  


lundi 1 octobre 2012

My taylor is rich...

Avalanche médiatico-populiste - crise économique fondamentale - la richesse s'explique par la pauvreté - des buts millénaires - conférence putassière - un homme courageux - des chiffres qui ne comptent pas - un repas gâché.

Face à l'avalanche de constatations médiatico-populistes qui déboule ces temps-ci, toutes ces révélations frappantes de journalistes figés dans une auto-complaisance pathétique nous expliquant à nous, le peuple, qu'il semblerait en effet que l'inégalité soit le grand mal du siècle, que le pays sombre lentement mais surement dans une crise sans précédent dont il n'est pas près de se relever, face à tout cela, je n'ai pu m'empêcher de me poser quelques questions. 
En effet, le constat économique a de quoi surprendre: comment se fait-il que des pays dits "riches" comme la France, les Etats-Unis ou la Grande Bretagne, puissent ainsi sombrer économiquement et se retrouver bientôt dépassés par des pays autrefois "pauvres" ou "en développement" alors qu'on nous avait pourtant bien expliqué qu'on était confortablement assis sur le toit du monde et qu'on nous mangerait dans la main pour toujours. Ce qui me laisse perplexe ici, ce n'est pas tant la question que la sémantique. En fin de compte, qu'appelle-t-on "pays riche"? Riche de quoi? D'argent? De travail? De PIB? Si tant est qu'une telle chose doive être mesurée, elle devrait l'être à la richesse de ses plus démunis. C'est vrai, réfléchissez... Que ce soit en Chine, en France ou aux Etats-Unis, les régions les plus riches servent d'indicateurs de bien être alors qu'elles jouxtent bien souvent les villages les plus pauvres, soigneusement ignorés. D'ailleurs, avant de se poser la question de la richesse, posons-nous celle de la pauvreté.